Réflexologie et Egypte

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Dans le milieu de la réflexologie, l’on cite souvent l’Egypte ancienne comme l’une des origines possibles de notre discipline. J’avoue que cette idée nous a toujours intriguée car elle est à la fois mystérieuse et quasiment impossible à vérifier ! C’est pourquoi, en tant que réflexologue, nous avons eu l’envie d’aller sur place, de chercher, voir et sentir par nous-même. Pour cela, il a fallu partir et remonter le temps jusqu’à la 6ème dynastie il y a plus de 4000 ans ! Le point de départ est la représentation bien connue du tombeau d’Ankhmahor à Saqqarah, appelée également tombeau des médecins. Elle est souvent reprise dans notre métier car elle montre deux personnages manipuler le pied ou la main de deux autres. Voici la traduction que l’on retrouve généralement : l’un dit « Ne me fait pas mal » l’autre répond « Je ferai en sorte que tu me remercies » Nous proposerons ultérieurement une nouvelle représentation et traduction de ce bas relief dans un prochain article.

Nous avons présenté ce bas-relief à un ami, Jannick Delaunois (Spécialiste en symbolisme et graphies hiéroglyphiques de l’Égypte ancienne). Il a bien voulu travailler sur la traduction et nous a aussi orienté pour nos recherches. Le temps passé à l’IFAO (Institut Français d’archéologie Oriental) au Caire, nous a permis également de récolter de précieux éléments. Finalement, toutes les pistes nous amènent au complexe funéraire de Djéser à Saqqarah, ancienne nécropole royale située à environ 30 km au sud du Caire. Sur ce site, nous retrouvons non pas 1 mais 3 tombes, où l’on retrouve des représentations de manipulations des pieds et des mains. C’est notre première surprise ! La deuxième, c’est que l’on retrouve également des représentations sur la jambe, le dos et l’entre jambe !

Nous nous intéressons d’abords aux deux premières tombes, celle d’Ikhékhi et celle de Niankhnum et Khnumhotep, bien moins connues que la suivante. Ici les scènes sont contextualisées au milieu de la vie quotidienne au sein d’un marché (selon certains égyptologues). Les bas-reliefs laissent supposer l’utilisation d’instruments de type manucure et/ou des actions de massages pieds et mains.

La troisième, la plus fréquemment reprise, est un peu plus particulière… Elle se trouve dans le tombeau d’Ankhmahor, vizir (ministre) du pharaon Téti 1er. Son tombeau est dit médical car elle regroupe 3 représentations sur ce thème : préparations de médecine, circoncision et chirurgies des pieds et des mains (selon les égyptologues). Les bas-reliefs qui nous intéressent, se trouvent à l’intérieur de l’encadrement d’une porte entre deux salles. Dans la première sont présentes des scènes d’offrandes et dans la deuxième l’on découvre la mise au tombeau du défunt. Nous y voyons le passage symbolique entre les deux univers de la vie et de la mort dans leur continuité.

Sur le mur de droite, une scène de circoncision (selon les Egyptologues) connue et au-dessus un travail effectué au niveau du dos et de la jambe.  Tous ce mur, nous inspire plus une scène de rasage rituel et de soins corporels qu’autre chose. Les égyptiens rasaient les corps avant l’embaumement, n’oublions pas que nous sommes dans un tombeau.

De l’autre côté sur le mur de gauche, nous nous retrouvons face aux tant attendues manipulations des pieds et des mains. Nous les observons attentivement. Elles nous amènent à penser à un soin particulier apporté aux mains et aux pieds… Les hiéroglyphes présent et retraduit par Jannick Delaunois, nous parle d’un traitement fait au vizir afin qu’il soit dans les meilleurs dispositions possible pour gouverner. On imagine facilement que ce traitement apporté n’était pas que d’ordre esthétique mais aussi certainement d’ordre physique et psychologique. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque le savoir d’une même personne (prêtre, médecin ou scribe) était multiple. Il est alors tout à fait possible que les personnes prenant soin des corps, savaient également les soulager, les soigner, grâce à un toucher spécifique.

D’après nous, sur ce bas-relief, il est tout à fait envisageable d’y voir un “soin” dans le but de soigner. Bien sûre, nous ne parlons pas de réflexologie à proprement dite, encore moins telle que nous la connaissons et la pratiquons aujourd’hui. Mais plutôt d’un massage ou d’un toucher spécifique dans le but d’améliorer et de restaurer la condition du bénéficiaire.

Depuis notamment la découverte du papyrus d’Ebers, l’on sait beaucoup de choses maintenant sur la médecine l’Egypte ancienne. Les médecins travaillaient sur tout le corps avec de nombreuses spécialités, notamment au travers de « courants énergétiques » appelés « métous ». Dès lors, l’on peut se demander s’ils n’utilisaient pas également des pressions sur ces sortes de « voies réflexes » avant l’heure.

Hier comme aujourd’hui, l’art de soigner demande savoir, ressentie et humilité. Dans ces domaines, comme dans tant d’autres, nous ne doutons pas de l’état des connaissances et des compétences de l’Egypte ancienne.

Un grand merci à Jannick Delaunois et aux autres personnes qui nous ont accompagner et guider pour ce voyage !

L & A

Lilian Gautheron & Alice Drevet